Violence psychologique dans le couple et dans la famille
Définition
La violence psychologique est constituée de paroles ou de gestes qui ont pour but de déstabiliser ou de blesser l’autre mais aussi de le soumettre, de le contrôler de façon à garder une position de supériorité.
Dans des moments de colère nous pouvons tous utiliser des propos blessants, méprisants, ou poser des gestes dénigrants, mais habituellement ces dérapages sont occasionnels et/ou suivis de regret ou d’excuses. Par contre, dans la violence psychologique il ne s’agit pas d’un dérapage ponctuel mais d’une façon d’être en relation. C’est nier l’autre et le considérer comme un objet.
Comme à chaque fois que l’on parle de violence psychologique, il faut bien préciser qu’un seul agissement ou des agissements ponctuels ne constituent pas en soi de la violence psychologique. Ce qui distingue la violence conjugale d’un conflit de couple, ce ne sont pas les coups mais l’asymétrie.
FAQ
La violence conjugale, est-ce seulement la violence physique?
La violence conjugale est un mode de relation fait de domination et de contrôle et, sur ce terrain, surviennent éventuellement des agressions physiques. Il n’y a jamais de violence physique sans qu’il y ait en même temps violence psychologique. Les actes de violence commencent souvent pendant la grossesse ou à la naissance du premier enfant. Cela correspond à la possessivité de l’homme qui craint de perdre la femme qui lui appartient et c’est également la peur pour lui de l’engagement et des responsabilités
La violence s’installe progressivement dans le couple, d’abord par de la tension et de l’hostilité. Suivant le profil psychologique du partenaire violent, la violence peut être cyclique, dans ce cas les phases de tension puis d’agression sont suivies d’une phase d’excuse et de réconciliation ; ensuite les cycles se répètent avec une intensité croissante. Ce peut être aussi une violence perverse où l’hostilité est constante, insidieuse et difficile à repérer car avant tout psychologique et rarement physique.
Comment faire une différence entre la vie de couple qui engendre des disputes et la violence et l’emprise que vous décrivez?
Il faut faire une distinction très nette entre la violence et les conflits de couple. Les scènes de ménage sont nécessaires à l’équilibre du couple mais, à la différence de la violence, elles comportent des règles acceptées par les protagonistes et il n’y a pas d’asymétrie, chacun peut répondre, argumenter à sa façon.
Dans ce jeu de rôle, chacun respecte l’autre.
Oui, il y a une limite, on n’attaque pas l’intime. Par contre, la violence conjugale apparaît lorsqu’il y a une asymétrie. L’un des deux acteurs ne peut plus répondre et l’on touche souvent à l’intimité de la personne pour la blesser très profondément en évoquant des secrets de famille, par exemple.
Quelles sont les catégories socioprofessionnelles les plus concernées ?
Elles le sont toutes. Même si l’image d’Épinal du couple vivant dans une banlieue difficile où le mari rentre alcoolisé le soir pour battre sa femme n’est pas à exclure, les enquêtes montrent que toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernées, notamment les professions libérales. Cependant, dans les milieux aisés, on reste plus discret sur ce genre de problème et on tarde plus à faire appel à la police.
Existe-t-il des chiffres fiables en matière de violence conjugale ?
Il est difficile d’établir des statistiques et de déchiffrer ces violences. Pour le moment, les seuls chiffres que nous ayons sont ceux en 2000 de l’enquête ENVEFF (Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France). On peut considérer que les violences psychologiques et physiques concernent près de 10 % des couples.
Et les hommes ?
Il serait intéressant de mener une enquête auprès des hommes mais, il existe très peu de maris qui portent plainte contre leurs femmes. De plus, les violences occasionnées par des femmes sont beaucoup plus psychologiques que physiques. Elles apparaissent souvent à l’occasion de séparations, périodes sensibles où les coups bas se font plus nombreux.
N’y a-t-il pas une plus grande égalité entre les hommes et les femmes ?
Malgré cette évolution favorable de l’égalité entre les femmes et les hommes, dans la structure actuelle de notre société, beaucoup de femmes continuent à se soumettre aux hommes. Dans une société où le chômage demeure important et l’ascension sociale devient plus difficile, un certain nombre d’hommes, déçus par leur parcours, essaye de se rehausser aux dépens de personnes plus faibles qu’eux, en l’occurrence les femmes.
L’alcool et la drogue jouent-ils un rôle dans ce processus ?
Ces produits ne sont pas la cause intrinsèque des violences, mais, en désinhibant l’homme, ils permettent le passage à l’acte. Un certain nombre d’hommes – éternels adolescents mal dans leur peau à tendance narcissique -, utilisent l’alcool ou la drogue quand ils sont angoissés, tendus.
Que faire pour diminuer la violence ?
Il faut que la société prenne en compte que certaines limites ne doivent pas être dépassées, auquel cas elles constituent une violence conjugale, même si cette notion est très subjective et peut varier suivant les époques. Le but de ce livre est d’alerter les personnes sous emprise pour qu’elles réagissent beaucoup plus tôt.
De quelle manière ?
La loi sur la violence psychologique est importante mais elle ne pourra pas régler tous les cas. Il est important que les femmes apprennent à repérer plus tôt les situations abusives, qu’elles sachent se poser la question: « Est-ce que cela me convient? », qu’elles apprennent à mettre des limites et à se faire respecter.