Le harcèlement moral au travail
Définitions
Le harcèlement moral au travail se définit comme toute conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte par sa répétition ou sa systématisation à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne, mettant en péril l’emploi de celle-ci ou dégradant le climat de travail.
Il s’agit d’une violence à petite touches, qui ne se repère pas, mais qui est pourtant très destructrice. Chaque attaque prise séparément n’est pas vraiment grave, c’est l’effet cumulatif des microtraumatismes fréquents et répétés qui constitue l’agression.
FAQ
Le harcèlement moral en entreprise est-il un phénomène fréquent ?
Il touche 7 à 8% des salariés français. Mais, ces statistiques varient selon les secteurs d’activité et le contexte. On l’observe un peu moins dans les secteurs de production. Les tâches étant définies précisément, il est plus difficile d’attaquer quelqu’un qui fait son travail correctement.
Les pratiques de harcèlement moral sont-elles différentes dans les entreprises publiques et privées ?
Il y a proportionnellement plus de harcèlement dans le secteur public. Cela tient pour une large part à la fois à l’organisation hiérarchique, qui est souvent plus lourde que dans le privé, et également à la plus grande stabilité de l’emploi. Dans le secteur public, en effet, le harcèlement peut durer très longtemps, des années, voire des dizaines d’années. La situation devient alors un fait acquis et la personne harcelée ne parvient plus à réagir. L’issue la plus fréquente est l’arrêt maladie ou le congé de longue durée.
Dans les entreprises privées, les cas de harcèlement moral durent moins longtemps, ne serait-ce que parce qu’ils peuvent entraîner de l’absentéisme, donc une baisse de rentabilité. La situation se dénoue souvent par la démission de la personne harcelée ou par son licenciement.
Qu’a changé la loi de janvier 2002 ?
Le bon côté, c’est que les victimes ont plus de facilité à s’exprimer ! D’autant que la loi reste assez vague sur le type d’agissements qui peuvent constituer un harcèlement. C’est mieux car si elle était trop précise, elle exclurait certaines situations.
En outre, les dirigeants sont plus vigilants, car, en cas de recours en justice, ils peuvent être sanctionnés s’ils ne prouvent pas qu’ils se sont donnés les moyens de savoir.
Mais, la loi a aussi eu un effet inverse. Les gens ont maintenant tendance à parler de harcèlement au moindre problème. Il ne faut pas le confondre avec la souffrance qui découle d’autres facteurs comme le stress, les conflits ou de mauvaises conditions de travail, qui ont été regroupées sous le terme de risques psychosociaux.
Quel est le but ?
C’est évidemment de se débarrasser de la personne. Soit physiquement, en la poussant à démissionner, soit moralement, en la rendant docile et en l’obligeant à se taire. Et en général, les conséquences sur la victime sont terribles. La souffrance peut parfois provoquer un état dépressif voire la pousser au suicide.
Comment cela commence ?
Il y a plusieurs points de départ possibles. Il peut s’agir d’un harcèlement stratégique. Le harceleur s’en prend alors à un travailleur protégé, un syndicaliste, une femme enceinte, une personne trop âgée… qu’il souhaite voir partir. Le harceleur peut aussi être motivé par la jalousie par rapport à un autre collègue. Ou il veut réduire au silence une personne qui a dénoncé des irrégularités dans l’entreprise. Dans ce cas, tout un groupe peut y voir son intérêt. Un autre type de harcèlement consiste à s’en prendre à quelqu’un comme souffre-douleur. Ce qui rappelle les procédés mis en œuvre dans les cours d’école. Il y a enfin, le refus de la différence qui vise plutôt les personnes qui sortent du lot, qui dérangent.
Les cas de harcèlement concernent-ils uniquement les relations entre les salariés et leur hiérarchie ou également les relations entre collègues ?
Il y a tous les cas de figure, même si, le plus souvent, la victime est harcelée par un supérieur hiérarchique. Mais le harcèlement entre collègues est également très fréquent. On observe également des cas de harcèlement “ remontant ” exercés par un subordonné envers un responsable hiérarchique.
Y a-t-il des personnalités davantage « prédisposées » à être victimes ?
N’importe qui peut être victime ! Pas seulement les personnes fragiles. Tout dépend du contexte. Cependant il y a des gens qui résistent mieux que d’autres parce qu’ils ont une bonne estime de soi, qu’ils sont soutenus par leur entourage et qu’ils n’ont pas vécu de traumatismes dans leur enfance.
Que faire en cas de harcèlement moral?
Dès qu’on sent que l’on souffre, il faut pouvoir rapidement en parler à quelqu’un. Ne serait-ce que pour savoir si ce qu’on vit est normal ou s’il s’agit vraiment de harcèlement moral. Tout seul, on n’a généralement pas assez de recul. Les victimes peuvent se tourner vers les associations, ou vers les consultations en pathologies professionnelles, mais elles sont trop peu nombreuses.
Sinon, le médecin du travail peut être un bon interlocuteur. Il ne faut pas aller trop vite en justice mais d’abord commencer à se renseigner sur ses droits auprès de l’inspection du travail, d’un syndicat ou d’un avocat. Et surtout, de ne pas rester seul.