2 Juin 2008 : Le Devoir
Un mariage sur deux se termine maintenant par une rupture, et les relations se durcissent au travail comme à la maison. En France comme ici, une personne sur sept vit seule, deux fois plus qu’il y a 30 ans.
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« Au fond, la vraie difficulté, c’est d’accepter notre vulnérabilité à une époque qui ne valorise que la performance et le rendement. Les rencontres se tissent autour de cette fragilité humaine qui finit par nous singulariser. Les clones n’intéressent personne. »
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« Nous sommes dans un monde où l’individualisme, prôné comme valeur suprême, finit par isoler les individus. Cet isolement entraîne une insécurité dans tous les domaines et une fragilisation des personnes. »
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Pour Marie-France Hirigoyen, le narcissisme aussi finit par composer une sorte de réalité sociale totale, un point focal par où comprendre les forces et les faiblesses de tout un type social. « Nous sommes à la fois beaucoup plus libres, beaucoup plus fragiles et beaucoup plus solitaires. Nous sommes passés de la sujétion brutale du patriarcat et du paternalisme, à une sujétion beaucoup plus subtile de la marchandise et de la compétition. »
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Son panorama du couple contemporain, lieu de toutes nos grandes et petites misères, multiplie les analyses fines et brillantes. Quand elle écrit sur les relations de plus en plus dures entre les hommes et les femmes, elle synthétise le désarroi des conjoints remplacés comme des Kleenex avec cette phrase-choc: « La décision de préférer quelqu’un
d’autre est plus mutilante qu’un deuil, car c’est un jugement qui écarte volontairement l’autre. »